
Au Real Madrid à chaque président sa vision du projet de la Casa Blanca. Au début des années 2000, Florentino Pérez construira un effectif de galactiques avec des joueurs tels que Zidane, Owen, Ronaldo, Figo et Beckham. Si sur le papier l’équipe faisait rêver, le départ de sa cheville ouvrière qu’était Claude Makélélé l’empêchera de conquérir les titres majeurs que sont la Liga ou la C1. En dépit des ambitions affichées, le bilan du projet galactiques déçu les supporters qui décidèrent, en 2006, de donner sa chance à un nouveau président, Ramon Calderon. Ce dernier désireux de marquer une rupture avec le projet de son prédécesseur pris un virage à 180 degré avec un recrutement de joueurs principalement néerlandais. Et nous allons voir que là encore entre les promesses annoncées et les résultats en fin de saison, il y eu un monde.
Le projet oranje de la Casa Blanca : une rupture avec son histoire mais qui répondait à des considérations sportives et non marketing
Il est certain que voir tant de joueurs néerlandais à Madrid, au total six lors de la saison 2008-2009, a pu choquer le public plus habitué à cette tradition batave au FC Barcelone. C’est en effet le club catalan qui a fait la gloire de la formation néerlandaise avec l’idole absolue Johan Cruyff et ensuite les Marc Overmars ou Patrick kluivert pour ne citer qu’eux. Il peut être curieux de s’inspirer par ce qui se fait chez votre plus grand rival mais Roman Calderon à travers cette stratégie a surtout voulu construire un effectif équilibré à l’avenir prometteur. Regardons plutôt de près chacune de ses six recrues et on pourrait en distinguer deux groupes. Vous avez tout d’abord les Van Nistelrooy, Robben et Van der Vaart dont on peut considérer qu’ils avaient fait leurs preuves au plus haut niveau respectivement avec Manchester United, Chelsea et Hambourg. De l’autre côté du spectre, vous avez Sneijder, Huntelaar, Drenthe autrement-dit des joueurs à fort potentiel qui se sont révélés avec leur club formateur aux Pays-Bas. Il est certain que passer du projet de Pérez à celui de Calderon peut déboussoler. Cependant, le projet oranje faisait sens avec des joueurs créatifs (Sneijder ou Robben), des finisseurs (Van Nistelrooy et Huntelaar) et un récupérateur de balle (Drenthe). Cela représente un ensemble beaucoup plus cohérent que le projet Pérez qui compilait pléthore de joueurs offensifs sans aucun respect d’équilibre d’équipe. Les résultats ont-ils pour autant été meilleurs ?
Le bilan pas si déshonorant de l’ère oranje au Real Madrid avec ses deux tires en Liga
Cette volonté de construire une équipe équilibrée mêlant joueurs expérimentés et d’avenir aura permis de conquérir deux titres en Liga en 2007 et 2008. C’est sur la scène européenne que les résultats seront eux plus décevants avec un cap des huitièmes de finale qui ne sera jamais dépassé. Or, on sait l’importance de la coupe aux grandes oreilles pour le club merengue. Face à ce constat d’échec, les joueurs néerlandais vont être ciblés notamment les trop nombreuses blessures de Robben et Sneijder ou l’inconstance de Van der Vaart. Si Huntelaar affiche des statistiques loin d’être infamantes 8 buts en 13 titularisations, il peine à atteindre le niveau de son glorieux aîné, Van Nistleroy, qui affichait 60 réalisations en 89 matchs avant sa blessure. Les changements d’entraîneur n’y feront rien : Schuster, Ramos et Pellegrini aucun d’eux ne trouvera la clé pour permettre à cette équipe de briller en ligue des champions. L’affaire de fraude électorale, qui entachera l’élection de Ramon Calderon et le poussera à la démission en janvier 2009, viendra sonner le glas de l’ère oranje au Real Madrid.
La révolution oranje à Madrid : une parenthèse vite refermée pour un retour aux sources avec le projet F. Pérez 2.0
En politique comme en football quand la présidence change le nouveau pouvoir cherche à faire table rase de la gestion précédente. Et c’est malheureusement ce qui arriva aux joueurs néerlandais. A la fin de l’été, Huntelaar s’envole pour Milan (15 millions), Sneijder partira pour l’Inter avec le succès que l’on connaît (15 millions), Robben ouvrira la page la plus glorieuse de sa carrière en s’exilant à Munich (25 millions) et Van Nistelrooy tentera une dernière pige à Hambourg. Le dernier des néerlandais, Rafael Van der Vaart aura lui un peu de sursis avant de partir à Tottenham pour 11 M€, fermant ainsi définitivement la séquence des joueurs Bataves à Madrid. Ces départs permettront à Florentino Pérez de poser les fondations de son nouveau projet en recrutant notamment Kàkà (60 millions) et Ronaldo (96).
Des années après quel regard porter sur l’ère oranje à Madrid ?
Le bilan de l’ère oranje à Madrid ne serait-elle pas jugée trop sévèrement ? Cette équipe des années 2006 à 2009 a tout de même remporté deux Ligas alors que le Real Madrid sortait d’une époque galactiques, où certes il y avait du rêve au début, mais aussi beaucoup de désillusions. De plus, sans même faire le jeu des comparaisons, on peut être indulgent avec des joueurs qui pour la première fois arrivait dans un club aussi prestigieux que Madrid. Le fait d’être un groupe si important de joueurs de même nationalité a aussi braqué d’autant plus les projecteurs sur eux et leur a mis une pression immense sur leurs épaules. Le talent intrinsèque des joueurs ne peut être remis en cause quand on voit le succès de nombre d’entre eux par la suite (Robben à Munich et Sneijder à Milan). Ce qu’il faut ici interroger est plus la question du temps qu’on laisse à une équipe pour qu’elle grandisse et acquière un vécu suffisant afin décrocher les titres majeurs. Il est intéressant de voir que même après le départ de ces joueurs néerlandais, le Real Madrid a dû attendre quelques années avant de goûter de nouveau à la joie d’une victoire en C1. José Mourinho n’y pas parvenu non plus et il a fallu attendre l’arrivée de Carlo Ancelotti pour la Décima. L’entraîneur italien arrivant à la tête d’une équipe qui avait déjà une histoire commune importante. Et c’est bien là une leçon à retenir que rien ne remplace le temps et que la patience devrait être plus présente chez les dirigeants du foot avides de succès rapides. Les succès se font sur du temps long comme le Qatar l’a appris à ses dépends au PSG. La confiance accordée dans le projet de Luis Enrique a permis le succès de 2005 tout comme le succès de Arteta à Arsenal s’est construit dans la douleur et sur plusieurs années. Qui sait jusqu’au aurait pu aller le projet de l’ère oranje à Madrid si on lui avait laissé le temps ….?
Et vous considérez-vous qu’on a été injuste avec les joueurs néerlandais de Madrid ? Auriez-vous aimé voir cette équipe évoluer ensemble quelques années de plus ? Dites nous tout dans les commentaires.