Dédié corps et âme à leur carrière ces sportifs en paient le prix aujourd’hui

Passionné de sport vous avez probablement rêvé vous aussi d’être un dieu du stade et d’avoir les tribunes qui scandent votre nom. Cependant, auriez-vous été prêt à sacrifier votre santé pour devenir sportif professionnel ? Le sport de haut niveau met à mal les corps et les têtes au point parfois d’en garder de graves séquelles. Si fort heureusement tous les sportifs ne sont pas de ce cas, le sujet mérite qu’on s’y attarde pour protéger la santé des joueurs après leur carrière.

Voici un florilège de cas dans le football et le tennis qui devrait alerter sur la nécessité d’une véritable prévention sur la santé physique et mentale des sportifs de haut niveau.

Del Potro : La descente aux enfers d’un ancien GOAT du tennis

En 2009, Del Potro remporte son premier Grand Chelem à l’US Open. Il a seulement 20 ans et tout l’avenir devant lui. On l’imagine déjà soulever d’autres titres majeurs mais l’US Open se révélera être l’unique titre de Grand Chelem de sa carrière. Pourquoi la réussite l’a-t-elle fui ensuite ? La faute à un physique qui le trahira notamment de multiples problèmes aux poignets. Il ira même jusqu’à ne jouer qu’en slice sur son revers pour protéger ses articulations. La fin de sa carrière sera un crève cœur : il sera obligé d’arrêter le sport de haut niveau faute à un corps qui ne répond plus. 

Le joueur clamera toute sa détresse dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux. Il y évoquera les innombrables injections et infiltrations subies tout au long de sa carrière que cela soit dans la hanche, le dos ou la jambe. Les conséquences de ces traitements étant pour lui des « souffrances quotidiennes » au point de se sentir « piégé dans un corps qui ne répond pas ».

Juan Del Poltro parviendra tout de même à faire un dernier match de jubilé contre Novak Djokovic en Argentine. C’est ainsi qu’à 36 ans l’argentin a clôturé une carrière ayant inspiré le respect de tous les amoureux du tennis.

Murray : l’homme biomécanique

Membre du big Four au côté de Federer, Djokovic et Nadal, Andy Murray aurait pu faire encore mieux sans de nombreuses blessures à la hanche. On pourrait citer ses 46 titres gagnés en 71 finales, sa participation à toutes les finales de Grand Chelem ou sa place de numéro 1 mondial à l’automne 2016. On s’arrêtera ici davantage sur la force mentale de ce joueur qui après la pose d’une hanche en titane sera revenu au plus haut niveau. Dans l’émission The Emma Barnett Meets Murray analyse son rapport avec les blessures ainsi : « Eh bien, je pense qu’en tant qu’athlètes, on est habitué à avoir en quelque sorte toujours un certain niveau de douleur à cause des entraînements et des matchs que l’on fait, et c’est un peu normal. Donc, la plupart des athlètes ont un niveau de tolérance à la douleur relativement élevé, mais avec ma hanche, j’ai dû faire face à une gêne pendant probablement six ou sept ans ». La passion et une volonté hors du commun lui auront permis de devenir une légende du tennis en dépit de cette hanche fragile. 

Bruno Rodriguez : un cri d’alerte pour les jeunes générations

L’image fait froid dans le dos, on y voit l’ancien footballeur sur un fauteuil roulant amputé de sa jambe droite. Ancien joueur professionnel ayant évolué notamment au PSG, Bruno Rodriguez a fait le choix de se faire amputer en raison de douleurs qui lui rendaient sa vie impossible.

La cause de ce calvaire subit par l’ancien attaquant s’explique probablement par de multiples infiltrations. Le joueur évoquera à plusieurs reprises dans la presse le risque de ces traitements pour éveiller les consciences. Malgré tout, le joueur n’a pas caché ressentir un certain isolement et lutte encore aujourd’hui contre des douleurs physiques.

Gabriel Batistuta : Le but à tout prix

L’Argentine peut se targuer d’avoir eu une grande lignée de goleador : H. Crespo, S. Aguero, M. Kempes , G. Higuain, C. Teves et celui dont nous allons parler maintenant G. Baptistuta. Buteur ayant fait ses classes en série A, Batistuta a brillé brilla durant de nombreuses années à la Fiorentina. Son association avec le meneur de jeu Rui Costa régala les supporter florentins et même au-delà tous les amoureux de beau jeu. C’est donc avec tristesse que ses fans découvrirent son post Instagram dans lequel il annonça la pose d’une prothèse à sa cheville. Cette opération de la dernière chance vient après des années de souffrance que Batistuta dévoila dans une interview choc à Tyc Sport en 2014. Dans celle-ci, il décrivit combien son quotidien était épouvantable faute de pouvoir se déplacer normalement et le calvaire qu’il subissait avec des douleurs quotidiennes. Batistuta alla jusqu’à déclarer « Je voyais Pistorius et je me disais que c’était la solution. Le médecin m’a dit qu’il ne voulait pas, que j’étais fou ».

Là encore, des infiltrations sont désignées comme responsable de cette cheville considérablement abîmée. Batistuta évitera l’amputation mais se fera poser une prothèse qui à défaut de lui rendre sa cheville d’avant lui permettra tout de même d’envisager une nouvelle vie sans douleur.

Et les autres : Yohan Gourcuff et Abou Diaby : une carrière passée autant sur les pelouses qu’à l’infirmerie

Yohan Gourcuff et Abou représentent des cas différents. Ici, on ne peut pas mettre en cause des infiltrations à répétitions et leur après carrière n’a pas été synonyme de douleurs intenses. Il s’agit juste ici de montrer combien le sport met votre corps à rude épreuve au point de traverser une carrière quasiment tout le temps blessé.

Pour Yohan Gourcuff, cela commença lors de son arrivée à Lyon et il ne sortit jamais véritablement de ce cercle vicieux. A Lyon, il cumula plus de 600 jours à l’infirmerie avec des blessures diverses et variées : genou, côtes, cheville, aine et dos. Après cinq ans à Lyon avec un nombre de match joué famélique, sa carrière pris du plomb dans l’aile et n’arriva jamais à redécoller.

Pour Abou Diaby, le cas est différent. Grand espoir du football français, le prometteur milieu de terrain fut recruté par A. Wenger. A cette époque, le technicien était le spécialiste du recrutement des meilleurs jeunes pouces françaises. A. Diaby arriva donc à Arsenal avec les polémiques habituelles pour ce genre de transfert vis-à-vis de la formation française. Quoi qu’il en soit, A. Diaby fit bien ses débuts sous le maillot d‘Arsenal lors de la saison 2006. Une grande carrière outre manche lui était destinée mais malheureusement pour lui tout fut contrarié lors du match opposant Arsenal à Sunderland le 1er mai 2006. Son adversaire et bourreau du jour Dan Smith lui asséna un tacle assassin qui mis littéralement en pièce sa cheville droite. Alors que beaucoup prédisaient la fin de sa carrière, il faut reconnaître à Abou Diaby d’avoir réussi à rejouer au football malgré ce terrible « attentat » dont il fut victime. Cependant, sa carrière ne fut jamais ce qu’elle aurait dû être car son corps garda des séquelles de ce tacle. Il enchaîna pas moins de 43 blessures à une dizaine d’endroits différents du corps pour 1554 jours d’absence. Celui que tous considérait comme le plus grand espoir du football français de sa génération vit son destin à jamais changé par ce tacle de fin de match.

Raphaël Varane : le discours de vérité

Alors qu’il venait de signer à Côme, Varane annonça peu de temps après sa fin de carrière. Cela ne fut pas totalement une surprise tant son corps avait souffert ses dernières années. Comme il l’explique dans une interview à l’Equipe son genou a subit une grave opération ce qui l’aura handicapé toute sa carrière. Varane a aussi le mérité de prendre la parole sur la question des commotions cérébrales notamment celle qu’il a eu lors de la coupe du monde 2006 en quart de finale face à l’Allemagne.

Le discours de Raphaël Varane n’a pas pour but de s’apitoyer sur son sort ou de se dédouaner de mauvais prestations sur le terrain. Sa prise de parole courageuse et lucide se veut utile pour les jeunes générations afin que celles-ci aient conscience des risques encourus. Le but est aussi d’alerter le monde du football afin d’œuvrer sur un meilleur accompagnement des blessures et une plus grande prévention des commotions cérébrales. Il ne s’agit pas dans son discours de désigner des coupables mais de lever la chape de plomb sur ces sujets trop longtemps ignorés. Un grand champion c’est aussi ça : faire entendre sa voix sur un sujet clivant et partager son expérience à la nouvelle génération.

Mbappe : le soupçon du burn-out ?

Nul ne sait le mal qui ronge la star du foot mondial mais l’hypothèse d’un burn-out est plus que jamais sur la table. Voilà un joueur qui a connu une situation difficile avec son ex-employeur, certains vont jusqu’à évoquer un harcèlement, il a eu une compétition gâchée par un nez cassé, une affaire judiciaire à laquelle son nom est associé et enfin des débuts timides dans son nouveau club. Il s’agit sans doute là que de la face visible d’un joueur en plein doute et dont la suite de la carrière interroge de plus en plus.

Naomi Osaka et la solitude du tennis au haut niveau

Nouvelle prodige du tennis féminin, Naomi Osaka a très vite connu les affres du haut niveau : pression des sponsors, attente du public, critique des journalistes,etc… Cela engendra chez elle la nécessité d’une prise de recul pas forcément bien perçue dans le monde feutré du tennis. Cela se joua en mai 2021 lorsqu’elle se retira du tournoi de Roland-Garros ce qui fit l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel bleu des internationaux de Paris.

Elle justifia sa décision par ces mots : «La meilleure chose à faire pour les autres joueurs et mon bien-être est que je déclare forfait, afin que tout le monde puisse de nouveau se concentrer sur le tennis à Paris.» Dans ce communiqué de presse publié sur les réseaux sociaux, elle ajouta ressentir«l’énorme angoisse» que les conférences de presse provoquent chez elle et reconnaît avoir eu de «longs épisodes de dépression». Ce discours reflète aussi la difficulté du tennis fait d’isolement tant sur le court qu’à l’extérieur. Vous passez votre vie en avion à faire le tour du monde de tournoi en tournoi avec pour seul compagnon de route votre entraîneur.

Le cas Naomi Osaka doit aussi interpeller le monde du sport au regard des carrières toujours plus précoces des sportifs talentueux à l’instar des Yamine Lamal au FC Barcelone ou de Kimi Antonelli jeune prodige de 18 ans de la formule 1. Comment accompagner le succès de ces sportif à peine sorti de l’adolescence ? Comment assurer une longévité à leur carrière alors qu’ils auront presque tout gagné très jeune ? Le rôle de leur entourage est ici plus que jamais crucial mais se pose aussi la question de notre perception de ces prodiges du sport par nous les passionnés.

Alors que le mondial des clubs va bientôt commencer et que le débat sur les calendriers surchargés est plus que jamais d’actualité, la question de la santé mentale et physique des sportifs de haut niveau devraient être au cœur de nos préoccupations. A défaut, nous risquons de voir des carrières de plus en plus courtes et à terme de perdre la beauté du football. Si nous aimons ce sport c’est pour voir nos idoles évoluer au plus haut niveau sur du temps long. A l’image d’une société où règne l’immédiateté et la surconsommation, le sport ne gagnera pas à voir ses principaux acteurs tutoyer les sommets à une vitesse fulgurante pour péricliter aussi vite.

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