La première saison du capitaine de l’équipe de France sous la tunique blanche du Real Madrid laisse un goût amer. Si l’absence de trophées collectifs majeurs est à déplorer, les statistiques individuelles sont elles belles et bien présentes. Le nouveau numéro 9 de Madrid est ainsi devenu le soulier d’or européen en marquant 31 buts en 34 rencontres. Quel est le problème me direz-vous ? Le hic est que ce titre lui est décerné alors qu’un autre joueur a mis plus de buts que lui en la personne de Victor avec 39 réalisations en 33 matchs. Comment expliquer cette anomalie ?
Un mode de calcul avec des pondérations : un non sens footballistique
Selon le championnat dans lequel vous marquez votre but, celui-ci aura plus ou moins de poids dans le calcul final. En effet, il est appliqué un facteur de multiplication par deux aux cinq premiers au coefficient UEFA. Cela veut donc dire que pour 31 buts en Liga Mbappé a récolté 62 points. Victor Gyökeres joue dans le championnat portugais qui bénéficie lui d’un facteur de multiplication de seulement 1,5. La conséquence est que malgré un nombre de buts supérieur, 39 avec le Sporting, Victor Gyökeres, finit avec 58,5 points, juste derrière Mbappé.
Vers la création de nouveaux critères de pondération ?
Si on rentre dans une logique où un but doit être pondéré d’un coefficient différent selon le championnat dans lequel il est marqué alors pourquoi ne pas créer de nouveaux critères ? Par exemple, on pourrait pondérer avec un plus grand coefficient le but marqué à l’extérieur de la surface de réparation. Idem, on pourrait valoriser le but marqué sur coup franc et pondérer à la baisse celui sur penalty. Si un but ne vaut plus un autre but alors tous les critères de pondération sont envisageables. Le but marqué à la toute dernière minute et qui donne la victoire à l’équipe mérite-t-il d’être pondéré d’un meilleur coefficient qu’un autre ? Le but qui est le résultat d’une action individuelle doit-il lui aussi être pondérer à la hausse ? Ces différents cas de figure illustrent que pondérer un but par un coefficient c’est ouvrir une boîte de Pandore.
Quel sens à donner aux trophées individuels dans le sport collectif ?
Beaucoup le regrettent mais les statistiques prennent toujours plus d’ampleur dans le football moderne. On y compte le but, la passe décisive, l’avant dernière passe, les courses à haute intensité, le nombre de kilomètre parcouru,etc…Il est normal de vouloir évaluer les joueurs par des critères chiffrés mais l’effet néfaste en est l’individualisation de la performance. Or, un joueur se place dans un collectif et le buteur est le maillon le plus visible de la chaîne. Toutefois, c’est toute l’équipe qui concoure au but : le milieu aura récupéré une balle ou intercepté une passe adverse pour lancer son attaquant. Le défenseur aura fait une relance permettant à l’équipe de se replacer dans le sens du jeu, l’ailier aura fait un centre décisif grâce au faux appel de son latéral, etc…Hormis quelques buts qui relève de l’exploit personnel un but est toujours le fruit d’une action collective. Ces trophées individuels viennent donc à tort braquer les projecteurs sur un joueur alors que c’est toute l’équipe qui est à récompenser. En outre, ces trophées individuels laisseraient à penser qu’un joueur peut réussir sa saison sans trophées collectifs à condition d’avoir obtenu des titres individuels. Or, ce qui fait vibrer les passionnés de foot c’est de voir son équipe gagner des titres majeurs pas que son attaquant soit le meilleur buteur d’Europe ou que son numéro 10 soit le meilleur passeur du championnat.
On souhaite donc à Mbappe de renouer avec les titres collectifs et de laisser de côté sa quête de titre individuel en premier lieu le ballon d’or. Mbappé a été champion du monde en 2018 en marquant un but en finale et en 2022 malgré son triplé il n’a pu empêcher le titre argentin. Or, à choisir que cela soit lui ou nous quelle a été notre plus grande joie : le souvenir des trois buts ou celui du titre ?