
Les joueurs français se sont particulièrement bien exportés en Angleterre certains devenant des légendes de Premier League. On pense ici aux Frenchies d’Arsenal tels que Thierry Henry, Robert Pires, Patrick Vieira et Emmanuel Petit. Manchester United a également eu nombre de ses succès avec des français dans ses rangs que cela soit avec Eric Cantona au milieu des années 90 ou plus récemment avec les Louis Saha, Patrice Evra ou Mickael Sylvestre. Chelsea a aussi eu ses joueurs tricolores avec les Marcel Desailly et Franck Leboeuf. Est-ce en voyant ces succès que Newscatle tenta un recrutement à majorité tricolore à l’aube des années 2010 ? Le résultat fut en tout cas loin des attentes et tourna comme nous allons le voir au fiasco.
Newcastle est un club bien connu des supporters parisiens pour eux qui ont suivi les exploits de David Ginola, après son départ du PSG en 1995, pour le club du nord-est de l’Angleterre. C’est dix-huit ans plus tard, en 2013, que Newcastle a renoué avec sa fibre française avec cette fois-ci non pas un joueur français dans son effectif mais neufs ! En majorité des joueurs confirmés de Ligue 1 tels que Yohan Cabaye, Moussa Sissoko ou Yohan Gouffran mais aussi en faisant venir des révélations à fort potentiel tels que Mapou Yanga-Mbiwa ou Hatem Ben Arfa.
Comment expliquer ce recrutement pléthorique de Newcastle en Ligue 1 ?
Comme malheureusement trop souvent en matière de mercato, ce sont des considérations économiques qui ont pris le dessus. Pour Newcastle, il était facile de recruter dans le championnat français grâce à la manne financière de le Premie League. Les clubs français ne pouvaient pas rivaliser avec les offres proposées par les Magpies. Outre-Manche, les droits TV ou les recettes de billetterie étaient, et le sont encore plus aujourd’hui, bien supérieur à ceux du foot hexagonal. Pour Newcastle recruter un joueur français, c’était faire coup double en recrutant un joueur capable de faire briller l’équipe mais aussi avec un potentiel de revente non négligeable. Pour les joueurs français, ils étaient difficiles de résister à des offres alléchantes qui leur permettaient d’obtenir de bien meilleurs salaires qu’en France. Pour être tout à fait juste, l’aspect financier n’était pas le seul critère pour partir à Newcastle. Pour beaucoup des joueurs qui y sont partis ces années-là, il s’agissait d’une progression dans leur carrière avec la perspective de jouer dans des stades plein et de se confronter aux meilleurs joueurs du monde dont beaucoup évoluaient à cette époque à Arsenal ou Manchester United. Enfin, la Premier League reste un championnat qui réussi à de nombreux français ce qui est un gage de confiance tant pour les recrues qui arrivent que pour les clubs qui les engagent. Alors dans ce cas, pourquoi cela n’a-t-il pas fonctionné pour Newcastle ?
Une stratégie poussée à l’extrême aux résultats mitigés
Le hic avec Newcastle c’est que cette stratégie de recruter essentiellement des joueurs français a été poussé à l’extrême. Ainsi, lors de la saison 2013-2014, Newcastle aligne contre Swansea pas moins de sept Français au coup d’envoi. Et il est vrai que cela a pu fonctionner avec une 7e place à l’hiver 2013 grâce notamment à 19 buts sur 20 inscrits par des Frenchies. Cette lune de miel entre les joueurs tricolores et les supporters de St James’Park prendra fin avec la vente de Yohan Cabaye en janvier 2014. Le club ne se remettra pas du départ de son maître à jouer et finira à une décevante 10e place en fin de saison. C’est le coup de grâce pour l’ère des Frenchies à Newcastle. Le club commence à faire sortir ses joueurs français avec 5 départs à l’intersaison puis viendra en décembre 2014 la démission du coach francophile Alaw Pardew naguère surnommé « Alaw Depardieu ». Si les histoires d’amour finissent mal en général celle entre les joueurs français et Newcastle laissera des souvenirs contrastés. Les joueurs français ayant évolué là-bas y auront connu des fortunes diverses avec des échecs retentissants comme ceux de Amalfitano ou Obertan ou des succès avec des passages réussis comme Cabaye ou Rémy. Et il y aura eu ceux qui auront connu le meilleur comme le pire lors de leur séjour à Newcastle tel Ben Arfa idole du club après de magnifique buts à faire chavirer de bonheur le public du St James Park puis pestiféré à la fin de son séjour chez les Magpies.
Que retenir de cette expérience de francisation de Newcastle ?
Les plus grandes équipes sont celles qui associent des talents venant de tous les horizons. Vous ne pouvez pas avoir une équipe compétitive avec des joueurs ayant eu la même formation au sein du même pays et qui vont avoir un même schéma de pensée. Il vous faut des joueurs avec des sensibilités différentes et qui apportent chacun leur football et mentalité propre. Le Bayern gagne la ligue des champions en 2013 avec le duo Ribéry/Robben sur les ailes. Madrid gagne trois de suite cette compétition avec en attaque un portugais, un français et un gallois sachant que son milieu de terrain était composé d’un brésilien, d’un allemand et d’un croate. Pour réussir, il vous faut de la diversité. Le risque en faisant l’inverse, comme l’a fait Newcastle, c’est de créer un clan celui des joueurs français et les autres. Ce projet rappelle toutes proportions gardées le cas du PSG lors du retour de Luis Fernandez, en décembre 2000, qui avait souhaité recruter à majorité des joueurs hispaniques. Là encore, les résultats avaient été bien mitigés. Le fait est que vos supporters doivent aussi se reconnaître dans leur équipe sinon vous ne créez pas de sentiment d’appartenance. Les équipes qui gagnent sont aussi celles qui suscitent ce sentiment d’appartenance chez leurs supporters. Or, avec cette francisation de Newcastle poussée à l’extrême les supporters ont pu se sentir dépossédé de leur équipe comme l’a dit l’ancienne gloire du club, Alan Shearer qui déclara « qu’il n’est pas sain d’avoir autant de Français dans un vestiaire de (Premier League ) ». Les faits lui ont donné raison et aucune autre équipe ne s’est jamais hasardé à copier Newcastle depuis.
Et vous que pensez-vous de ce Newcastle des années 2010 ? Cela avait-il du sens selon vous d’avoir recruté tant de joueurs Français sur cette période ? Auriez-vous aimé voir cette équipe réussir ? Etes-vous d’accord avec la déclaration de Alan Shearer ?