Au cours d’une carrière un joueur de foot va probablement signer en moyenne 4 à 5 contrat mais c’est surtout les premiers transferts qui conditionnent toute le reste. Le choix entre deux clubs n’est jamais facile a fortiori où lorsque vous devez choisir le club qui vous permettra de franchir un palier en devenant international ou vainqueur de vos premiers trophées. L’entourage, en premier lieu l’agent, est là pour vous conseiller et vous trouver ce club qui vous fera prendre une autre dimension. Le choix n’est jamais facile entre les considérations sportives, l’aspect financier, vos rêves d’enfance ou encore la pression familiale.
Robert Pires a été face à ce choix cornélien au sortir de l’euro 2000. Après plusieurs saisons assez réussies à Marseille et suite à son entrée décisive face aux italiens, le milieu offensif français a le vent en poupe et est face à un dilemme : signer à Arsenal ou au Real Madrid.
Les discussions avec le club de la capitale espagnole sont bien avancées au point qu’une photo de Pires avec le maillot de Madrid est même publiée.
Le club madrilène veut faire de Pires le pendant de Figo à gauche. Pour Pires, Madrid représente une superbe opportunité sportive et du point de vue familial il renoue avec les origines espagnoles de sa mère. Ainsi, tout porte à croire que Madrid est le club parfait pour lui pourtant il ne jouera jamais pour ce club. Comment expliquer ce revirement alors que tout semblait finalisé ?
Comme raconté par Pires en interview, l’élément déclencheur a été l’entraîneur d’Arsenal Arsène Wenger : « Wenger m’a dit : « Je te veux, il faut que tu viennes chez nous. Je vais perdre Marc Overmars (parti au Barça), et t’es le seul qui peut le remplacer » D’aucuns diront que Pires a choisi la facilité mais comme il le dit lui-même ce n’est pas ça qui a dicté son choix : « J’aurais pu gagner plus au Real, mais pendant six ans, j’ai joué. Ce qu’il m’avait promis s’est réalisé. »
A travers la décision de Robert Pires de rejoindre Arsenal plutôt que Madrid, on voit que deux critères essentiels ont prédominés :
– le fait d’avoir discuté avec le coach
– la prise en compte de l’environnement du club
En basant son choix sur ces deux aspects, Robert Pires a sans doute pris la meilleure décision de toute sa carrière alors même que vu de l’extérieur cela n’allait pas de soi. Cependant, en y regardant de plus près le raisonnement de Robert Pirès devrait être celui qui prévaut chez tous les footballeurs au moment de choisir leur futur club.
La relation avec le coach : critère numéro 1 pour choisir un club
Combien de joueurs sont arrivés dans un club avec la plus grande motivation et de réelles ambitions pour une fois sur place découvrir qu’ils n’étaient pas souhaités pas leur coach ? Un joueur arrive parfois dans un club par choix du directeur sportif mais sans que cela soit approuvé par le coach. Il arrive aussi que le joueur soit recruté sur un caprice du président. Ces cas peuvent s’illustrer par Kolo Muani au PSG plus par choix de Nasser que Luis Enrique. Combien de joueurs signent aussi dans un club sans même avoir échangé avec leur futur coach ?Robert Pires a lui pris le temps d’écouter Arsène Wenger et a compris que c’était ce coach qui allait le sublimer et lui offrir le meilleur système de jeu au vu de ses qualités.
L’environnement d’un club : l’indispensable adéquation avec la personnalité du joueur
Robert Pires a aussi justifié son choix d’aller à Arsenal plutôt qu’à Madrid par la volonté d’être confronté à un environnement autre que du type que celui connu à Marseille. Pour Robert Pires, aller à Madrid cela voulait dire retrouver un environnement trop similaire à celui de Marseille. Or, il explique qu’à ce moment de sa carrière il avait besoin d’autre chose. Il a su faire preuve de recul et voir qu’au delà du prestige du Real Madrid il y a aussi autour de ce club une ferveur des supporters et un environnement médiatique propre au club de la capitale. Pour lui, aller à Arsenal cela voulait dire rejoindre un club plus propice à son épanouissement footballistique mais aussi d’homme. Cela n’était pas le choix de la facilité car les tabloids en Angleterre peuvent être sans pitié. Le but pour lui était de se découvrir dans un contexte totalement nouveau. L’adéquation entre la personnalité d’un joueur et l’environnement du club ou sa culture est donc primordiale pour la réussite du transfert.
Pires à Madrid : cela aurait donné quoi ?
Pirès a Madrid sur le papier cela avait aussi un certain cachet a fortiori quand on pense au parcours qu’il aura ensuite en Liga sous le maillot de Villareal. Cependant, il ne faut pas oublier qu’un an après son transfert avorté à Madrid, un nouveau projet s’est mis en place avec l’arrivée de Zidane et il n’est pas dit que Pires ait pu avoir une place de titulaire dans l’équipe des Galactiques. Quoi qu’il en soit pas de regrets pour Pires qui est entré dans la légende de la Premiere League et dans le cœur des fans des gunners.