« Estelle veux-tu m’épouser ? » Raymond Domenech au soir de l’élimination à l’Euro 2008

Souvenez-vous l’euro 2008 de l’équipe de France : un premier match soporifique 0 à 0 contre la Roumanie puis le naufrage 4-1 face au Pays-Bas et la sortie prématurée en poule après la défaite face à l’Italie.

Mais ce qu’on retient surtout de cette campagne est la déclaration de son sélectionneur au soir de l’élimination. Alors qu’il est interrogé par un journaliste pour expliquer les causes de cette déroute, Raymond Domenech livre cette réponse complètement ahurissante « J’ai qu’un seul projet, c’est d’épouser Estelle. Donc c’est aujourd’hui que je lui demande. Je sais que c’est difficile mais c’est dans ces moments-là qu’on a besoin de tout le monde et moi j’ai besoin d’elle”

A-t-on jamais vu déclaration aussi lunaire dans un moment où la plus grande sobriété eut été nécessaire ? C’est bien là tout le problème de Domenech que d’user de déclaration tapageuse pour éluder son bilan sportif.

Cette déclaration reflète l’absence totale de sens des responsabilités qui a tant fait défaut à cet imposteur tout au long de sa carrière. Les mots sont durs mais c’est ainsi qu’aurait dû être jugé cette sortie médiatique. En ayant fait fi de cette grossière erreur de communication, on a donné quitus à ce sélectionneur pour continuer encore plus en avant la fuite en avant.

Retour sur les lamentables punchlines et comportements grotesques du pire sélectionneur de l’histoire :

Le refus de serrer la main du sélectionneur brésilien lors de la défaite face à l’Afrique du Sud 
Coupe du monde 2010 le calvaire de l’équipe de s’achève enfin. Non content de l’image désastreuse laissée par la grève des joueurs restés dans le bus, Domenech se donne le droit de nous enfoncer le couteau dans la plaie en refusant de serrer la main du sélecteur brésilien de l’Afrique du Sud Carlos Alberto Perreira. Le mondial 2010 aura été acquis par une main en trop de Thierry Henry et aura finalement pour dernière image un sélectionneur refusant de serrer la main de son homologue. La boucle est bouclée.

La lecture de la lettre à Kynhasas
À défaut de faire preuve d’autorité pour convaincre son équipe de descendre du bus, Domenech ira en catimini au devant de la presse lire la lettre des joueurs justifiant leur grève. Le voici tête basse et la voix hésitante, la désinvolture habituelle du monsieur n’est plus là. Une séquence humiliante et jamais vu dans l’histoire du foot.

L’absence de décence suite au décès de Diego Maradona 
Lors de son passage éclaire à Nantes, durant lequel il n’a pas apporté grand-chose, Raymond Domenech a tout de même eu le temps de faire son intéressant par ses déclarations. Ainsi, interrogé en conférence de presse sur l’intérêt de Nantes pour Jean Lucas finalement attendu à Brest, il déclara « J’aurais aimé prendre Maradona, mais il est mort c’est comme ça ». Voilà c’est ça Raymond Domenech : incapable de répondre par des éléments footballistiques à une question, il préfère manier l’ironie avec un mauvais goût bien à lui.

La volte face sur son choix de ne pas sélectionner Thierry Henry au mondial 2010 
Il est désormais de notoriété publique que Henry ne devait pas être des 22 à la coupe du monde 2010. Il sortait d’une saison délicate à Barcelone du fait des blessures et de la perte de sa place de titulaire. Domenech vint donc le voir à Barcelone pour lui annoncer qu’il ne serait pas dans le groupe. Et là face aux arguments de Thierry Henry, Domenech fit volte face et décida finalement de le mettre dans la liste des joueurs sélectionnés. On voit là l’absence de conviction profonde d’un sélectionneur sans ligne directrice et prompt au changement d’avis. On y voit là aussi la marque d’un manque de caractère. Quand on pense à Aimé Jacquet qui en 1998 a su se passer d’un Cantano et d’un Ginola au sommet de leur carrière…On voit bien là la différence entre un sélectionneur qui reste fidèle à ses convictions contre vent et marées dans l’intérêt du collectif et un gentil animateur qui essaie de faire plaisir à tout le monde pour ménager la chèvre et le chou.

Le mérite usurpé de 2006 :
Rendez-vous le 9 juillet : tel était le mantra de Domenech. Le malheur pour lui a été que sa prophétie se réalise et qu’il se persuade en être responsable. Or, à qui revient le mérite de ce splendide parcours de l’équipe de France à la coupe du monde 2006 ? Certainement pas à Domenech qui pour sa prise de poste avait décidé de renouveler le staff technique (plus d’ostéopathe) et celui de la communication (exit Philippe Tournon). Qui avait décidé de faire la places aux jeunes et de mettre les anciens de côté ? C’est encore lui. Qu’est-ce qui a permis à l’équipe de France de se qualifier et d’aller jusqu’en finale du mondial 2006 ? L’élément déclencheur de ce renouveau a été le retour de Zidane combiné à celui de Makélélé et Thuram. Même sur ce mondial 2006, il n’aura pu s’empêcher de commettre des bourdes comme celle de sortir Zidane contre la Corée du Sud.

Le témoignage accablant de Jérôme Rothen :
On pourra arguer que Rothen garde une rancœur contre un sélectionneur qui l’a évincé des 22 pour la coupe du monde 2006. Cependant, il serait dommage de se passer d’un témoignage de ce qui se passait à l’intérieur du groupe et de certaines méthodes de l’époque Domenech. Pêle-mêle, dans son retour d’expérience Rothen explique les débriefs lunaires que Domenech demandait à ses joueurs ou encore les cours de théâtre et de chant pour souder l’équipe. Rothen ne s’est pas montré exhaustif car il faudrait aussi parler du recours à l’astrologie par Domenech pour sélectionner certains joueurs. On voit en tout cas qu’avec tout ça on est bien loin du football.

Son lien avec le fiasco de 94
Il est quand même surprenant de voir que ce personnage est lié de près ou de loin à tous les plus retentissants échecs de l’équipe de France. Saviez-vous par exemple qu’il a sa part dans le sinistre fiasco de l’élimination au mondial 94. Certes, il y a eu la défaite face à la Bulgarie mais avant ça il ne faut pas oublier que la France avait brûlé un joker face à Israël. Or, Raymond Domenech était supposé superviser cet adversaire. Il le fit mais à sa façon comme le raconte Gérard Houillier dans sa biographie « Je ne marcherai jamais seul »  : « Raymond Domenech était allé superviser à ma demande l’équipe d’Israël à Bucarest où elle affrontait la Roumanie en septembre en match amical. Il ne jugea pas utile de rendre un rapport écrit, comme c’est l’habitude pour tout superviseur, et il m’affirma simplement un truc du genre : « Si vous ne gagnez pas, vous êtes des chèvres ! ». J’étais bien avancé. On remerciera Raymond pour cette expertise bien de chez lui.

L’affaire des places revendus au marché noir :
Non content d’avoir contribué à sa mesure à l’élimination de la France au mondial 94, Domenech alla aux Etats-Unis superviser des matchs de la compétition à la demande de la fédération. Celle-ci lui alloua des places et notre chère Raymond, dans un moment de grande intégrité, alla revendre ses places devant le stade. Il se fit prendre la main dans le sac et fut arrêté et envoyé au poste par la police locale. Encore un fait, un de plus me direz-vous, qui aurait dû nous alerter sur qui on avait à faire.

« Tout seul » de R. Domenech : le livre de trop
Le titre du livre de Raymond Domenech donne le ton : on a affaire ici à une vaine tentative de rédemption sous fond de victimisation. Aime Jacquet aura écrit « Ma vie pour une étoile » dans laquelle il explique ses choix et raconte la vision qu’il a porté durant toutes ces années. Raymond Domenech aura lui écrit l’exact contraire de ce livre où il règle ses comptes avec les joueurs et fait mine d’introspection pour mieux accabler les autres. Raymond Domenech aurait été bien inspiré de lire Aimé Jacquet afin de comprendre ce qu’est un collectif et les responsabilités qui sont celles d’un sélectionneur vis-à-vis d’un groupe. Aimé l’avait écrit « Une sélection n’est pas une juxtaposition d’individualités, une mosaïque de talents supposés les meilleurs. C’est un collectif. Un groupe qui vit ensemble son football. Qui respecte le jeu, le joueur dans son expression, dans son registre, mais avec une envie folle envie de réussir quelque chose d’exceptionnel ensemble.  » Rien de tout ça dans les équipes de Raymond Domenech. Aimé Jacquet disait de sa coupe du monde 1998 « Je n’ai qu’un souhait, si mon nom reste associé à ces moments magiques. Que l’on dise plus tard : cet honnête homme a bien fait son travail ». Domenech pourrait-il en dire autant de son bilan à la tête de l’équipe de France ?

Comme on le voit tout y passe avec Domenech : le manque de fair-play, la mauvaise foi ou encore le cynisme à toute épreuve. N’en déplaise à l’élégance la plus élémentaire, tout cela passerait encore si il y avait derrière un professionnel hors pair portant une vraie vision du foot et avec de véritables principes de jeu. Queneni, le plus grave ici n’est pas tant un caractère détestable que cette impression que le foot n’est qu’un moyen pour lui de se mettre en scène. Le foot non pas par passion du jeu mais pour tous les à côté : la médiatisation, les feux de la rampe, le pouvoir. Or, pour gagner des titres, il vous faut plus que ces viles motivation. Pour un jour soulever un trophée, il eût fallu à Domenech un peu moins d’amour de sa personne et beaucoup plus de considération pour ce sport, ses acteurs et ses passionnés.

 

 
Partager cet article :

Laisser un commentaire

error: Le contenu est protégé !!