
C’était le rêve de toute une nation de tout un peuple : devenir champion du monde à domicile. Le Brésil allait remporter sa sixième coupe du monde. Le pays tout entier s’embrasserait d’une liesse populaire jamais vu. Le favori de la compétition devait soulever ce trophée mythique, il ne pouvait en être autrement.
Etait-ce trop de pression pour une équipe ? Le rêve était-il trop grand ? Si c’est une chose de ne pas atteindre l’objectif fixé, cela en est une autre de voir son rêve tourner au cauchemar. Retour sur cette soirée irréelle qui a vu le Brésil subir sa défaite la plus humiliante de son histoire.
Un début de compétition sérieux :
Au regard du début de compétition de la Seleçao, rien en laissait présager du désastre à venir. La phase de poule était assez convaincante avec deux victoires et un nul. Le match d’ouverture fut gagné 3-1 face au Brésil avec un Neymar déjà buteur par un doublé. Certes, il eut ensuite le match nul 0-0 contre le Mexique mais vite éclipsé par la victoire 4-1 face au Cameroun avec un Neymar de nouveau buteur. A l’issue de cette phase de poule le Brésil termine premier grâce à la différence de but et on voit déjà le rôle crucial du joueur de Barcelone dans cette équipe.
La phase à élimination directe :
Pour son huitième de finale, le Brésil affronta le Chili qui avait terminé deuxième de son groupe avec pour seul accro une défaite face aux Pays-Bas. L’opposition entre deux équipes d’Amérique du sud fut accrochée avec un score de 1 -1 à la fin du temps réglementaire. La qualification se joua aux tirs aux buts où malgré les loupés de Hulk et William,le Brésil se qualifia dans la douleur. Si cette victoire fut longue à se dessiner il eut été difficile à ce moment-là de se douter du fiasco à venir. Pour son quarts de finale, le Brésil hérita de la Colombie, là encore une équipe sud-américaine promesse d’un match serré. Ce fut pourtant le Brésil qui ouvra le score en premier dès la 7e minute. Si chacune des deux équipes eut son temps fort, c’est le Brésil qui pris l’avantage 2-0 sur un somptueux coup franc à la 67e minute. La Colombie réduisit la marque par un penalty à la 80e minute mais le Brésil tenu bon et décrocha sa place pour les demi-finale. Cependant, ce prochain match allait se jouer sans Neymar blessé et sans Thiago Silva suspendu pour son carton jaune.
La blessure de Neymar : tournant de la compétition
On a tous gardé cette image en tête : Neymar dos au jeu qui tente de protéger son ballon puis le choc avec le défenseur colombien Zuniga. Neymar au sol quasi agonisant, victime d’une fracture aux vertèbres qui va le priver du reste de la compétition. Ses coéquipiers sont sous le choc et voient leur buteur vedette sortir sur civière. Que c’est-il passé à ce moment-là dans la tête des joueurs brésiliens ? Nul le sait mais clairement la compétition n’a plus été la même pour eux. Toute l’attention des médias fut tournée vers la blessure de Neymar, les joueurs eux-mêmes ne semblaient plus focalisés sur le reste de la compétition. Tout a vrillé, l’équipe donne le change mais elle n’est déjà plus la même. Comme le Titanic qui fonce vers l’iceberg, il est trop tard pour changer de direction, le naufrage devient inévitable, c’est écrit.
Brésil – Allemagne : le cauchemar de tout un peuple en mondovisio
A l’instant même où les joueurs sont entrés sous la pelouse, il eut un sentiment gênant. Les joueurs vinrent avec une casquette de baseball floquée « Forca Neymar » et ils prirent la photo d’avant match en brandissant le maillot de Neymar. N’était-ce pas trop d’émotion ? Ne fallait-il pas mettre de côté la blessure d’un joueur certes majeur de l’effectif, pour se concentrer sur la tâche à accomplir ? Dès les premières minutes on senti que le Brésil n’y était pas : le terrain était ma quadrillé, des espaces béants étaient laissés à l’adversaire, aucun joueur ne semblait connaître son rôle sur le carré vert. On avait l’impression de voir une équipe qui jouait ensemble pour la première fois. L’Allemagne n’en demandait pas tant et ouvrit le score dès la 11e minute. C’est facile de le dire a posteriori mais on était beaucoup à se dire que ce premier but n’allait pas être le dernier. Et en effet, malgré ce but le Brésil continua dans ses errements et c’est une pluie de buts qui s’abattit sur l’Estadio Meinero de Belo : 5-0 à la 29e minute. C’est bien simple dès que l’Allemagne avait la balle elle se projetait immédiatement devant le but brésilien sans la moindre difficulté. Le milieu de terrain de la Selecao était aux abonnés absents et la défense brésilienne perdue de vue. La Seleção semblait désarticulée et complètement perdu sur le terrain. L’Allemagne déploya son récital offensif sans peine. On avait l’impression que dès la ligne médiane franchie, l’Allemagne pouvait marquer un but. Et à cela le Brésil n’apportait aucun esprit de révolte, les joueurs étaient amorphes et désemparés. La seconde mi-temps fut elle aussi un calvaire avec deux buts supplémentaires. Les supporters brésiliens en pleurs commencèrent à quitter les tribunes pour ceux qui n’étaient pas partis à la mi-temps. Ils manquèrent le but d’Oscar qui sauva l’honneur des brésiliens mais évitèrent le coup de sifflet final de ce 7-1 qui brisa le cœur de millions de supporter brésiliens.
Alors certes, il n’y avait pas Neymar ni T. Silva mais pourquoi cette incapacité à défendre ? Pourquoi ces gouffres entre chaque ligne de l’équipe ? Comme pour les crash d’avion, il ne peut y avoir une seule et unique cause à une telle défaite. Essayons tout de même d’expliquer l’inexplicable.
Les causes pour expliquer l’irrationnel
Le fait de jouer à domicile : si jouer une coupe du monde à domicile est souvent le rêve de tout footballeur une telle opportunité peut vite se transformer en fardeau. Il faut gérer la pression des journalistes, du public et celle que les joueurs s’imposent à eux-mêmes pour ne pas passer à côté d’une victoire qui pourrait changer leur carrière voir même leur vie. Et quelle pression plus forte que celle du peuple brésilien qui vit pour le football et qui possède l’équipe la plus titré en coupe du monde ?
L’absence de Neymar : un seul être vous manque et tout est dépeuplé. C’est sans doute ce qu’on dû ressentir les joueurs brésiliens au moment d’entrer sur la pelouse de cette demi-finale de coupe du monde. Neymar était dans toute les têtes et c’est lui qui jusqu’à présent avait montré la voix à ses coéquipiers. C’était lui le fer de lance de l’attaque brésilienne, lui par qui le danger arrivait et qui donnait confiance à l’équipe. Sans lui, le jeu du Brésil devenait plus prévisible et à défaut de pouvoir le remplacer poste pour poste (chose impossible) il eut fallu un supplément d’âme à l’équipe pour compenser son absence.
Un Luiz Felipe Scolari avec des choix tactiques mortifères : l’absence de Neymar fut préjudiciable pour ce Brésil qui se reposait beaucoup sur ses exploits. Cela a obligé Scolari a faire des choix qui n’ont clairement pas été payants. Il décida tout d’abord de faire jouer Bernard en lieu et place de Neymar alors qu’il disposait dans l’effectif de Ramires et Willian plus aptes à maintenir l’équilibre de l’équipe au milieu de terrain. L’autre choix constatable de Scolari fut le positionnement bien trop offensif de Marcelo dont la couverture par Luis Gustavo ne pouvait fonctionner. En effet le milieu de terrain brésilien composé de Luis Gustavo et Fernandinho était surclassé par le trio allemande Kross-Khedira et Schweinsteiger. Péché d’orgueil, volonté de rester dans la tradition offensive du football brésilien ? Quoiqu’il en soit la tactique proposé par Luis Felipe Scolari n’était clairement pas la bonne.
Une Mannschaft en état de grâce : les scores larges dans le football sont certes rares mais pas inexistants dans le football. Ce qui a choqué c’est que cela puisse se produire dans un moment pareil : une demi-finale de coupe du monde a fortiori à domicile. Malheureusement pour le Brésil, l’équipe allemande était en état de grâce et a réussi tout ce qu’elle a entrepris. Les joueurs étaient en plein confiance et au meilleur de leur forme physique avec un sélectionneur qui les avait parfaitement préparé à cette opposition. L’Allemagne finira d’ailleurs championne du monde maigre consolation pour des supporters brésiliens traumatisés ad vitam æternam par cette déroute.
Certains échecs fondent les succès de demain on pense notamment à la non qualification de l’équipe de France à la coupe du monde 94. Cette défaite a pu contribuer dans un sens au succès de 98. Par contre, ce revers du Brésil face à l’Allemagne a sonné le glas d’une Seleção ayant perdu de sa superbe et dont les compétitions suivantes (en 2014 et 2018) n’ont pas permis de retrouver le lustre d’antan.
Espérons que Carlo Ancelotti après ses succès en club parvienne à faire de la Seleção une équipe à la hauteur de sa prestigieuse histoire.