Le PSG « Banlieue » de l’ère Perpère ou comment des sangliers ont coulé un projet à plusieurs millions de francs

« Le projet cette année… » voilà une expression que ne renierait pas un directeur sportif ou un président de club pour présenter les ambitions d’une nouvelle saison. Le terme est bien souvent galvaudé et sert tantôt à désigner un projet de club, tel le Champion Project de l’OM, ou un projet de carrière individuel à l’instar du « projet Mbappe ». Mais combien de « projet » promis à un bel avenir ont péri dans des promesses non tenues ? Aujourd’hui, retour sur le projet du PSG de la saison 2000/2001 où le recrutement de jeunes issus de banlieue devait permettre au club de la capitale de rayonner en France et en Europe.

Genèse et ambitions du projet :
Ce projet avait à sa tête Laurent Perpère, énarque ayant rejoint le groupe Canal + en 1993, et qui avait pris la succession de Charles Biétry en 1998. Pour les plus jeunes de nos lecteurs, on rappellera qu’avant le Quatar, le club était possédé par Colony Capital qui lui-même l’avait racheté à Canal +. Pour ce qui est du terrain, l’équipe était dirigée par Philippe Bergerôo, présent au club depuis le départ d’Arthur Jorge lors de la saison 98-99. Le choix de P. Bergerôo s’explique par l’aura de France 98 dont il faisait partie en tant qu’entraîneur des gardiens dans le staff technique.
Pour comprendre comment est né le projet PSG « Banlieue », il faut s’attarder en préambule à la saison 1999/2000. Celle-ci s’était soldée par une deuxième place en D1 et avait connu pour seul accro la finale perdue de coupe de la ligue contre Gueugnon (équipe de D2) en finale de la coupe de la ligue. Ce qui devait être une saison de transition fût une réussite surprise ce qui monta un peu à la tête des décideurs parisiens. L’actionnaire du club de la capitale, Canal +, vu donc les choses en grand pour la saison suivante.

Un recrutement pléthorique avec pour tête de gondole Nicolas Anelka :
Suite à cette brillante saison 1999/2000, le mercato d’été qui suivit fut celui de toutes les folies avec pas moins de 500 millions de francs dépensés sur le marché des transferts. La philosophie du recrutement était simple, il s’agissait de viser des profils de jeunes joueurs talentueux à fort potentiel et dont le public aurait pu aisément s’identifier. C’est sur cette base que fut recruté Sylvain Distain, Bernard Mendy, Peter Luccin, Sylvain Dalmat et bien évidemment le plus connu d’entre eux Nicolas Anelka. Dans le même temps, le PSG perdit un taulier avec le départ de Bernard Lama vers Rennes. Et pour qui connaît l’histoire du football, les recrutements pharaoniques de font pas toujours des équipes victorieuses.

Une philosophie de jeu résolument offensive
Il faut reconnaître que P. Bergerôo ne manqua pas d’audace alignant un onze titulaire porté sur l’offensif. Voici à quoi ressemblait son onze titulaire :

Letizi
Algerino, Rabesandratana, Distin, Mendy
E. Cissé, Déhu, Luccin, Robert
Anelka, Christian

On le voit à la composition d’équipe, ce onze possédait de la vitesse avec Anelka, de la percussion avec Dalmat et des frappes de loin grâce à Laurent Robert. Sur le banc, vous aviez aussi un Jay-Jay Okocha susceptible de faire basculer un match à tout moment. Sur les côtés, les latéraux n’étaient pas avares en débordement notamment Bernard Mendy qui se révéla sous les couleurs parisiennes. Et comme on va le voir, si les débuts furent tonitruants la suite mis en exergue le déséquilibre tactique de cette équipe.

Des débuts prometteurs avant l’habituelle crise de novembre
En début de saison, cette équipe proposa une animation offensive qui fleurtait parfois avec le récital. J’en veux pour preuve le match à domicile en ligue des champions face à Rozenborg gagné 7-2 par les parisiens. À ce moment-là de la saison, tous les espoirs étaient permis et personne n’imaginait ce qu’il allait arriver. Cependant, avec le recul on voit que malgré les victoires, il existait certains signes avant coureurs qui auraient dû alerter les spectateurs avisés. En effet, les victoires flatteuses cachaient souvent les déséquilibres d’une équipe trop offensive. La défense était livrée à elle-même et concédait bien trop d’occasions. Il faut saluer ici le gardien de l’époque, Lionel Leitizi, qui sauva l’équipe plus d’une fois et réalisa de nombreux miracles sur sa ligne. Ce PSG était également trop dépendant de ses individualités avec notamment un Laurent Robert en feu en début de saison avec 10 buts en 12 matchs. Fort de ses défauts de construction l’équipe s’effondra tels ces édifices souffrant de malfaçon. Ce qui devait arriver arriva et la crise de novembre connue son paroxysme lors d’une défaite restée dans les annales à Sedan.

Le match à Sedan : une défaite 5-1 qui sonne le glas de ce PSG
Il est des défaites qui marquent au fer rouge l’histoire d’un club, c’est le cas de celle du PSG à Sedan par le score de 5-1. Une défaite humiliante par l’ampleur du score, l’écart de budget entre les deux clubs et surtout cette impression d’un collectif parisien qui fait naufrage. Les joueurs donnent l’impression d’abandonner leur coach. Les sedannais déroulent et enflamment leur public face à un PSG à l’agonie. Ce match sera le dernier de P. Bergerôo à la tête de l’équipe et sera le début de la fin pour ce PSG version « banlieue ». 

Joueurs et dirigeants du PSG de l’ère Perpère : que sont-ils devenus ?
Ce PSG « Banlieue-Playstation » n’étant plus viable, il fallut faire une révolution dans le vestiaire pour tourner la page d’un projet qui tourna au fiasco. La plupart des joueurs partirent à l’étranger dans des clubs plutôt prestigieux. La recrue phare du mercato, Nicolas Anelka , fut priée d’aller voir ailleurs et s’est vers Liverpool qu’il tenta un rebond. Stéphane Dalmat fit l’objet d’un échange avec le milieu de terrain de l’Inter Milan Wampeta, Peter Luccin ira lui au Celta Vigo et L. Robert à Newcastle. D’autres continuèrent l’aventure sous la houlette de Luis Fernandez qui orienta le PSG vers un projet tourné majoritairement vers des joueurs hispaniques. Le résultat n’en fut pas plus glorieux avec une défaite cinglante à La Corogne après avoir pourtant mené 3-0. Le coaching de Luis Fernandez sera particulièrement critiqué après ce match sachant que La Corogne fera sa remontada à la suite des changements du coach parisien. Le président de l’époque Laurent Perpère restera lui à la tête du PSG jusqu’en 2003 et son remplacement par Francis Graille. Enfin, Philippe Bergerôo retentera l’aventure sur un banc de ligue 1 avec Rennes mais l’expérience tournera court là encore.

Il est des fiascos qu’on aime voir se réaliser, tellement le projet n’a pas de sens, et il en est d’autres comme celui du PSG « banlieue-Playstation » dont on aurait aimé voir le succès. La volonté d’avoir une équipe à l’image de sa région et de créer un sentiment d’appartenance étaient louables. Cependant, l’effectif n’était pas assez complémentaire avec un manque cruel de joueurs expérimentés pour encadrer les jeunes recrues. De même, le coach Philippe Bergero débutait également sa carrière de numéro 1 à la tête d’un club de ligue 1. Certes, il sortait tout juste du succès de France 98 mais c’était trop peu pour manager des jeunes mis sur un piédestal. Une explication à ce fiasco tient aussi au manque de considération accordée aux joueurs qui la saison précédente avaient hissé le PSG à la deuxième place de qu’on nommait encore la division 1. Le cas d’Ali Bernabia est emblématique de cette erreur lui qui a subi un véritablement déclassement avec l’arrivée de Stéphane Dalmat. D’aucuns diront qu’on a pas laissé assez de temps à cette équipe pour réussir et c’est sans doute vrai aussi mais comme disait Thierry Henry « le temps n’a pas de temps »…

Et vous auriez-vous aimé voir ce projet réussir ? Pensez-vous que l’idée d’un PSG banlieue était bonne ? Dites nous tout dans les commentaires.

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