« Si je n’ai pas été c’est parce que toi et Duga vous aviez fait de la m**** » voici ce qu’affirmait Jérôme Rothen lors d’un débat avec C. Dugarry pour justifier son choix de ne pas signer au Barca malgré une offre du club catalan. C’est que dans les années 90 et début 2000, le FC Barcelone ne réussissait guère aux joueurs français avec moult échec tels que Dugarry, Frédéric Déhu et Emmanuel Petit. Heureusement d’autres joueurs français ont su s’y imposer dans les années 2010 et mettre fin à cette malédiction. Retour sur ces échecs et réussites de joueurs français au FC Barcelone.
Christophe Dugarry : l’attaquant devenu milieu de terrain sous L. Van Gaal
Après l’épopée européenne de Bordeaux et l’exploit face au Milan AC, Christophe Dugarry est convoité par les plus grands clubs européens. Il choisira finalement celui face auquel il avait été buteur en demi-finale, c’est-à-dire le Milan AC. Malheureusement pour lui la concurrence est rude dans ce club et à l’approche de la coupe du monde en France de 1998, il doit impérativement se relancer. Le français choisi alors de tenter l’aventure catalane pour un échec tout aussi cuisant que celui vécu en Italie. Le passage à Barcelone tourne au fiasco quand son entraîneur Louis Van Gaal lui demande alors de jouer milieu de terrain. C. Dugarry finira par quitter le soleil espagnol pour celui du sud de la France. Le pari sera gagnant pour le joueur qui parviendra à se relancer à Marseille et à intégrer les 22 bleus pour la coupe du monde 98. Il retient de son expérience barcelonaise une réelle acrimonie pour L. Van Gaal déclarant que « Van Gaal était puant, pédant…Que je sois bon ou mauvais, il gueulait. Je partais à l’entraînement avec les larmes aux yeux. Jouer, faire des passes, ça doit être un plaisir. Là, c’était un calvaire. »
Emmanuel Petit à Barcelone : seul point noir d’une carrière quasi parfaite
Encore un champion du monde et même d’Europe qui va vivre une énorme désillusion à Barcelone. Le français arrive pourtant à Barcelone au prime de sa carrière. Il a eu un parcours en club excellent tant à Monaco qu’à Arsenal en décrochant un titre de champion en France mais aussi en Angleterre. Cependant, rien ne va se passer comme prévu pour le français et là encore tout comme pour Dugarry, un désamour criant se fera entre le joueur et le club. Dans une interview accordée à la chaîne Youtube Colin Interview, Emmanuel Petit expliquera avoir eu envie de partir dès les premiers mois alors qu’il a pour habitude de respecter ses contrats. Sur RMC sport E. Petit avait été assez loquace expliquant « Jamais je ne pouvais imaginer ce qui se passait dans le vestiaire catalan, l’identité catalane, l’omniprésence nationaliste. Les étrangers, on était des seconds couteaux sauf les joueurs comme Rivaldo, capable de faire basculer un match à tout moment. Globalement, c’était la guéguerre entre les Néerlandais, les Catalans et le reste du monde autour. »
Emmanuel Petit détaillera dans l’émisison Le Vestiaire « Pendant des semaines et des semaines j’ai avalé des couleuvres, j’ai fermé ma gueule. Je me suis dit que peut-être avec le travail, l’humilité, certaines personnes changeraient à mon égard. Ça n’a jamais changé. » L’aventure tournera court et le désormais consultant de RMC Sport dira regretter son choix d’avoir signé à Barcelone « Si je pouvais retourner dans le temps, je prendrai sûrement une autre option ». À défaut de pouvoir de pouvoir remonter dans le temps, E. Petit reviendra finalement dans le championnat anglais au bout d’une saison, non pas pour Arsenal mais Chelsea. Il y retrouvera une place de titulaire et participera à faire de Chelsea un club capable de lutter pour la course au titre de champion.
Frédéric Déhu : une année honorable au sein du club catalan
Comme le dévoilera Frédéric Déhu dans une interview à So Foot, sa saison 1998-199 réussie à Lens lui offre les portes de deux grands clubs : Barcelone et Liverpool alors managé par Gérard Houillier. Il choisit finalement Barcelone et y fait une saison tout à fait honorable mais freinée par deux blessures. Il s’agira à chaque fois d’une rupture partielle de l’aponévrose plantaire mais sur un pied différent ce qui l’empêchera de garder sa place de titulaire. Malgré tout, contrairement aux cas vus précédemment, Fred Déhu ne regrettera pas son passage à Barcelone et réussira à s’intégrer au sein du vestiaire. Certes, il quittera le club au bout d’un an pour retrouver une place de titulaire au PSG mais le fait d’avoir côtoyé à Barcelone des grands joueurs tels que Rivaldo ou Figo restera mémorable pour lui.
Après ces passages peu glorieux de joueurs français au FC Barcelone d’autres ont heureusement triomphé et sont entrés dans l’histoire du club.
Eric Abidal : la gloire après avoir frôlé la mort
2011 : Eric Abidal soulève la coupe aux grandes oreilles sur l’invitation de son capitaine Puyol. Ce titre a une saveur particulière pour le joueur qui a frôlé la mort et s’est remis d’une importante opération au foie quelques semaines auparavant. Face à ses graves problèmes de santé, le vestiaire et les supporters catalans se sont unis derrière le combat d’un homme pour rester en vie. Venu au FC Barcelone après 3 belles saisons à Lyon, le latéral gauche y fera 6 saisons et gagnera notamment 4 titres de champion d’Espagne, 2 C1 et 2 mondial des clubs. Le passage d’Abidal au sein du club catalan est donc une réussite sportive mais aussi une belle histoire sur le plan humain.
Ludovic Giuly : l’impossible lutte contre Messi
Après l’épopée européenne avec Monaco, Ludovic Giuly signe au FC Barcelone pour trois saisons couronné de succès avec notamment une Liga qui échappait au club catalan depuis 6 ans. Dans ce nouvelle équipe Blaugrana dirigée par Franck Ridjkaert, Ludovic a pleinement sa place sur le côté droit de l’attaque où sa vitesse et son entente parfaite avec Ronaldinho font des merveilles. On pense notamment ici à son but face au Milan AC sur une passe de Ronie. Giuly à Barcelone c’est aussi ce but refusé bêtement par l’arbitre lors de la finale de la ligue des champions 2006. Dans ce bilan des plus positifs seul ombre au tableau, la concurrence de Lionel Messi. A cette époque, le prodige argentin commence à se faire une place dans le onze titulaire au détriment de Ludovic Giuly. Si des blessures retardent l’éclosion du génie de la Masia, Ludovic Giuly sait qu’il est vain de lutter contre Messi et que sa place de titulaire est compromise. Il partira donc en Italie à un an de la fin de son contrat mais peut contempler avec fierté son parcours à Barcelone.
Samuel Umtiti : le genou de la discorde
Dans le parcours de Samuel Umtiti à Barcelone, il y a un avant et après 2018. De 2016 à 2018, le français répond à tous les espoirs placés en lui. Il parvient à se faire une place de titulaire écartant même Javier Mascherano du poste. On lui prédit un grand avenir au sein du club et les dirigeants lui font même signer une prolongation de contrat avec une belle revalorisation salariale à la clé. Malheureusement, tout bascule suite à la coupe du monde 2018 remporté par la France. Pour accomplir son rêve de remporter ce trophée, le défenseur central a disputé toute la compétition avec un genou douloureux et fragilisé par une longue blessure au cartilage. Dès lors ,la suite sera un long calvaire pour lui fait de blessures et de litiges avec son club. Le FC Barcelone se retrouvant avec un joueur qui n’est plus en capacité de reproduire les performances réalisées lors de ses deux premières saisons au club. Il ne disputera par exemple qu’un seul match lors de la saison 2021-2022. L’histoire se finira par une rupture de contrat en 2023 avec un goût d’inachevé et le sentiment d’un grand gâchis.
Griezmann : l’erreur de casting
Griezmann à Barcelone c’est une suite d’incompréhensions. Cela a commencé avec son documentaire « La Decisison » dans laquelle il annonçait rester à Madrid après avoir laissé penser qu’il irait à Barcelone. Il signe finalement l’été d’après au club catalan se mettant à dos les supporters colchoneros tout en suscitant un accueil glacial de ceux de Barcelone. Sur le terrain, la communication n’est pas meilleure avec un positionnement qui ne correspond pas à sa zone préférentielle. Le français finira même sur le banc pour les matchs de ligue des champions. Lors de sa deuxième et dernière saison sous le maillot blaugrana les choses ne vont pas mieux malgré un changement d’entraîneur. Il pensait manger à la même table que Messi et Ronaldo…Il s’est retrouvé à faire la plonge.
Thierry Henry : la quête de la ligue des champions
Après huit saisons chez les Gunners Thierry Henry décida de partir à Barcelone. Il déclara par la suite « c’est une partie de moi qui est morte à ce moment-là ». On ne quitte pas un club dans lequel on a inscrit 228 buts sans un pincement au cœur. Cependant, Thierry Henry avait une quête celle de soulever la coupe aux grandes oreilles. Il a réussi son pari et son passage à Barcelone est des plus respectables : 121 matches et 49 buts. A cela s’ajoute les 7 titres remportés avec le fameux triplé historique en 2008/2009. Mais si le passage de Thierry Henry est si réussi c’est pour la capacité d’adaptation qu’il a démontré. Pour lui, il a fallu s’habituer à un autre statut comme il l’expliqua sur BeinSports en ces termes « Est-ce que j’aimais jouer haut sur le côté gauche ? Non. Mais ce n’était pas mon groupe. Il faut comprendre qu’à un moment tu es Michael Jackson, et un autre jour tu es Tito un des frères dans les Jackon 5. Tu es toujours dans le groupe ! Les grands joueurs savent ce qu’ils doivent faire à certains moments. Quand tu vois Léo Messi, il faudrait être stupide de ne pas courir pour lui ! ». Le mérite de Thierry Henry est aussi de s’être adapté à un autre football et comme il le reconnaît lui-même se n’était pas simple au début « Je pensais connaître mon jeu. Je venais d’Arsenal. Quand je suis arrivé à Barcelone, Pep m’a dit de rester haut sur le terrain pour libérer des espaces pour Andres Iniesta. » « Je me suis dit ‘mais de quoi il parle ce type? Je me suis demandé ‘est-ce que je suis un joueur de décoration maintenant ?’ » « Mais Pep est impitoyable et j’en ai fait l’expérience ». Thierry Henry parviendra tout de même à se fondre dans ce collectif et à répondre aux attentes de son coach. Il dira plus tard de lui « Arsène Wenger m’a ouvert l’esprit et Pep Guardiola m’a ouvert les yeux ».
Ce bilan des joueurs français à Barcelone est non exhaustif car pour l’être totalement il faudrait aussi ajouter les : Philippe Christanval, Luarent Blanc, Jérémy Matthieu, Lucas Digne, Ousmane Dembelé, Clément Lenglet, etc…
Le but ici était surtout de montrer qu’il n’y a pas de fatalité pour les joueurs français à Barcelone. On peut voir dans ce panorama qu’à chaque fois il y a des raisons différentes à l’échec rencontré par certains joueurs français : mauvaise entente avec le coach, intégration difficile au sein du vestiaire, blessure, concurrence impossible à surmonter telles sont les difficultés éprouvées par certains français. Ce qui est sûr c’est que Barcelone reste un club à part avec une culture et une identité de jeu spécifique. Cela peut ne pas convenir à tous les joueurs et mieux vaut y signer lorsqu’on a déjà un vécu important au haut niveau. Espérons que les prochains français à revêtir le maillot blaugrana continueront à redorer le blason du football tricolore.
Quel est le français qui a le mieux réussi à Barcelone selon vous ? Comment expliquez-vous les échecs de certains français dans ce club ?