Quelle mouche a donc piqué Noël Legraët sur RMC au micro de Marion Bartoli pour évoquer avec autant de mépris la possible succession de Deschamps par Zidane? Pour rappel, Noël Legraët avait tancé les journalistes qui lui posaient des questions sur une éventuelle succession de Deschamps par Zidane. A la question de savoir si Zidane avait tenté de le joindre au téléphone avant que soit acté la prolongation de Deschamps, N. Le Graet avait rétorqué non sans agacement « Je ne l’aurais même pas pris au téléphone Pour lui dire quoi ? “Bonjour Monsieur, ne vous inquiétez pas, cherchez un autre club, je viens de me mettre d’accord avec Didier” ? » Non content de cette déclaration fracassante sans le moindre égard pour Zinedine Zidane, Le Graët ajouta concernant l’hypothèse Zidane à la tête du Brésil « Cela m’étonnerait qu’il parte là-bas, a-t-il affirmé. Il fait ce qu’il veut, cela ne me regarde pas. Je ne l’ai jamais rencontré et on n’a jamais envisagé de se séparer de Didier Deschamps. J’en ai rien à secouer, il peut aller où il veut, dans un club, il en aurait autant qu’il veut en Europe, un grand club. Une sélection, j’y crois à peine en ce qui me concerne. » . Cette sortie de route médiatique sonna le glas des ambitions de Le Graët qui dû quitter la présidence de la Fédération française de Football (FFF) face au tollé suscité par cette déclaration. A travers cette affaire c’est tout un pan de l’histoire de France qui resurgit mais aussi son avenir à court terme.
Noël Le Graët : symbole d’une époque révolue
Comme tout homme politique avide de pouvoir et qui se respecte ; le dirigeant breton s’est accroché à son poste autant que faire se peut. Face au lever de bouclier quant à un éventuel maintien à son poste, N. Le Graët dû se résoudre à céder sa place. De toutes parts sa déclaration était condamnée par joueurs, supporters ou dirigeants. Ainsi, Kylian Mbappe se fendit sur Twitter d’un « Zidane c’est la France, on manque pas de respect à la légende comme ça… », le consultant Daniel Riolo considéra que « on ne peut pas déraper à ce point», Lizarazu exprimera sa colère en ses termes « c’est inacceptable. C’est honteux de parler comme ça » et Dugarry se dira « écoeuré » et parlera de propos « ahurissants ». Enfin, même la classe politique y alla de concert à l’instar de la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, qui réclama « des excuses pour ce mot de trop ». C’est que la déclaration de N. Le Graët était vu comme un mal pour un bien pour tourner la page d’un dirigeant qui incarnait le « vieux monde ». C’est que N. Le Graët n’en était pas à son coup d’essai et déjà avant ce dérapage incontrôlé les contestations se faisaient de plus en plus vive. Sa présidence était attaquée sur la gestion financière et à cela s’ajoutait aussi les affaires de mœurs. La justice tranchera toutes ces procédures encore en cours mais l’image de la sélection nationale risquait d’en pâtir. Avec le recul, la diatribe de N. Le Graët apparaît comme un hara-kiri inconscient d’un homme de plus en plus esseulé et qui se savait dans une impasse qui n’était plus tenable.
A contrario, l’image médiatique de Zidane est elle intouchable et le public ne pouvait que prendre fait et cause pour celui qui reste une icône nationale.
Zidane : l’icône intouchable
Il est sidérant que le président de la FFF ait pu évoquer avec tant de désinvolture l’éventualité de voir Zidane à la tête de l’équipe de France. Quiconque sait ce qu’il en coûte de s’en prendre à l’icône nationale. Pour s’en convaincre, demandez donc à Jérôme Rothen la polémique autour de son autobiographie où il accuse Zidane de l’avoir insulté lors du match Monaco Madrid de 2004. Vous pouvez aussi vous référer à la critique de Yannick Noah envers le soutien de Zidane à la candidature du Qatar et que le joueur de tennis regretta par la suite. Enfin, il en fut de même d’Emmanuel Petit qui reprochait à Zidane son manque d’engagement sur des sujets sociétaux mais qui reviendra ensuite sur ses propos. Ces différents cas illustrent le fait qu’on ne s’en prend pas impunément à l’icône nationale. Son parcours d’entraîneur de Madrid avec trois ligues des champions consécutives n’a fait que renforcer sa légende. Les engagements caritatifs de l’illustre meneur de jeu français ainsi que son humilité font de lui une des personnalités préférée des français. Cette histoire d’amour tissée avec les français depuis plus de 20 ans ne pouvait donc souffrir de vil propos d’un président en bout de course.
Cette affaire dévoile tout de même en toile de fond une réelle rivalité entre certains joueurs de France 98 qui pour autant savent protéger une histoire commune toujours intacte.
France 98 : un passé glorieux sanctuarisé en dépit des rivalités
Pour aussi condamnable que soit la déclaration de N. Le Graët elle révèle tout de même en creux une rivalité ou tout du moins des ambitions qui se télescopent. En effet, Zidane ne cache plus son désir de devenir un jour sélectionneur tandis que dans le même temps Deschamps aura donné cette impression de ne jamais vouloir céder le poste. Le respect existe entre les deux joueurs, indéniablement, Deschamps a accueilli Zidane à la Juve. Chacun sait très probablement ce qu’il doit à l’autre et ni l’un ni l’autre ne se sont tenu de propos désobligeants. Cependant, la vie est ainsi faite que même entre deux individus se respectant des frictions peuvent naître. Zidane, c’est l’image de l’artiste tandis que Deschamps celle du joueur besogneux. Zidane à la tête de l’équipe de France c’est l’espoir de voir du beau football là où Deschamps est de plus en plus critiqué pour ses choix de jeu. Deschamps est parfois le mail aimé du football français là ou Zidane est le chouchou du public. Le constat est que l’image des deux personnalités du foot français n’est pas la même dans le grand public. Le départ acté de Deschamps après la coupe de du monde 2026 est sans doute en partie liée à cette volonté de ne pas écorner son image en apparaissant comme celui qui ne veut pas voir Zidane lui succéder. En cédant sa place après 14 de bons et loyaux services à la tête de l’équipe de France, Didier Deschamps préserve aussi le lien indéfectible qui l’unit à l’ancien meneur des de l’équipe de France. Suite à la déclaration de son président, il expliqua d’ailleurs les relations qu’il a avec Zidane « La situation sportive fait que cela amène une rivalité entre nous deux. Voire pour certains, une opposition. J’aurai toujours beaucoup de respect pour lui par rapport à ce qu’on a vécu et partagé ensemble. Déjà dans notre première vie comme joueur et par rapport à ce qu’il représente dans le football et le sport français ».
France 98 a eu ses polémiques internes au fil des ans telle que celle sur l’affaire des quotas de Laurent Blanc. Cependant, le groupe est toujours revenu à un consensus pour préserver l’intégrité de son histoire commune. L’affaire Le Graët illustre une nouvelle fois que le groupe France 98 a toujours su, malgré les tempêtes, rester uni que ce soit sur le terrain lorsqu’ils étaient joueurs ou des années après la fin de leur carrière.
Et vous qu’avez-vous pensé de ce dérapage de Noël Le Graêt ? Dites-nous tout dans les commentaires